Il y en a beaucoup des comme lui, mais celui-là c'est le mien

Au bas mot, 325 000 et en l'occurrence un revolver réglementaire français modèle 1873. Rien d'exceptionnel, recanonné en 1911 et pas du tout fleur de coin. Pas mal d'oxydation, quelques soucis, voire des outrages rédhibitoires pour la plupart des amateurs de fines pièces que vous êtes.
Oui mais voilà, il était à portée du budget que je m'accorde pour ce loisir, pas de jeu mécanique et des rayures possibles. Forcément, vu l'état, il a fallu un peu d'huile de coude... allez, un petit avant-après :






Maintenant la vue gauche. Désolé, j'ai caché les deux premiers chiffres du numéro de série... De toutes façon, étant recanonné, aucun intérêt :





Mouais, l'éclairage au néon sur fond blanc, c'est vraiment froid. Parmi les défauts de cette arme, l'absence de ressort de verrou d'axe de barillet. Il en a maintenant un, bonne taille, bon diamètre, mais un poil trop raide. En plus, je me demande si le canon est pile-poil à la bonne place (ajustage du canon de remplacement?), car faut vraiment insister pour sortir l'axe. Ongles longs s'abstenir.


Le canon n'a pas de numéro de série, à moins qu'il ait été limé (il y a un creux sur ce pan de canon qui peut le laisser penser) :






Le "morceau de bravoure" sur cette arme. L'axe de portière (à l'évidence pas celui d'origine) n'était pas correctement ajusté. Serré à fond, le ressort ne bloquait pas la portière au bon angle. Résultat, un propriétaire antérieur avait dévissé l'axe. Du coup, la portière ripait régulièrement le long de la carcasse (voir les rayures). J'ai donc réduit l'épaisseur de la tête du côté plaquant contre la carcasse jusqu'à arriver au bon angle. J'ai arasé ce qui dépassait côté platine. Problème, la tête de l'axe ne dépassait plus assez. J'ai donc aussi réduit l'épaisseur de la portière (cette fois côté externe). Et là, vous pouvez voir ma grossière erreur: j'ai tiré de long par rapport à l'arme et pas par rapport à la pièce (grmbl! va falloir s'y remettre) :






Une petite vue sur les entrailles (la lumière m'a encore joué des tours, ce qui paraît rougeâtre est en réalité jaunâtre).

Joli boulot, il revient de loin celui-là  

Merci, mais à côté du 1874 de Luis Perenna, je me fais l'effet d'un plaisantin. Pour terminer, les gros défauts qui lui restent :


La plaquette de crosse droite, placée trop haut. Là encore à l'évidence un remplacement. Comparée à celles d'autres 1873, elles est assez "standard". C'est plutôt l'emplacement du taraudage sur ma carcasse qui ne l'est pas :


Accessoirement, elle est beaucoup plus fatiguée que la gauche.

Enfin, le barillet. Si vous regardez bien les reflets, vous pouvez deviner un méplat avec des stries. C'est l'emplacement du numéro de série qui a reçu des coups de je ne sais quoi furibonds. Le pire, c'est que d'après ce qu'on peut encore voir, il est au même numéro  que le reste de l'arme (sur la photo, ce n'est pas évident, mais en réalité, nettement plus). La seule explication (logique?) que j'ai trouvée est un dérouillage à la bourrin de l'oxydation qui aurait bien pris au niveau des caractères du numéro de série. En tous cas, son indexation est impeccable et le jeu minime. Enfin, ce même barillet supporte les stigmates d'un tissus à grosse trame qui a laissé son empreinte d'oxydation sur une partie de la circonférence du barillet.



Cas loin d'être unique, son état interne est bien meilleur que sa mine apparente. Par exemple, ici, je n'ai pratiquement pas eu besoin d'y toucher, ni à la tranche arrière du canon, ce qui me préserve un entrefer potable :



Il n'est pas très beau et je ne suis pas très bon tireur (c'est pas mon pistolet 10 mètres qui vous dira le contraire), mais qu'importe, fini de regarder les autres au club de tir quand c'est jour de concours 73-74. Je vais pouvoir saucissonner la conscience tranquille.

je te félicite .
peu importe l'état , c'est bien le tien , et ça lui donne une valeur sentimentale qui n'est pas chiffrable !!
bon boulot , man !

Jolie restauration. Maintenant, il va falloir le surveiller car la rouille aime bien revenir en douce. Surtout après un tir à la poudre noire.
En fait, c'est le seul défaut que je trouve au 1873. Les exemplaires qui ont été fortement oxydés restent très sensibles à la rouille, même après nettoyage.

Mais il est très bien ce 73, l'essentiel est de l'avoir sauvé et les petites tâches résiduelles n'ont aucune importance.

bravo beau travail

3008nato a écrit:je te félicite .
peu importe l'état , c'est bien le tien  , et ça lui donne une valeur sentimentale qui n'est pas chiffrable !!
bon boulot , man !

  Bravo

C'est le tien et je le trouve très bien.
Sa patine d'origine (avant nettoyage) ne me choquait pas outre mesure   

 

Depuis que tu m'en parles je peux enfin le voir et franchement je te félicite pour le travail accompli.
Je subodore que la fin de l'autre restauration soit tout aussi intéressante à voir. 

   

Merci à tous pour vos commentaires.
Oui, Jérôme, le 1777 an IX est proche de la fin, si ce n'est ce f... embouchoir qui me résiste. Le trou pour l'épingle, encore une fois mal placé, a été re-rebouché. Il a fallu à nouveau limer, poncer, polir. A force de toujours travailler dans la même zone, j'ai réussi à faire une "casse" dans une zone joliment courbe. Cela me fait un peu râler. Quand il sera terminé, je ferai une petite nature morte, j'ai quelques objets ou documents qui peuvent faire la farce.

Alamas a écrit:Merci à tous pour vos commentaires.
Oui, Jérôme, le 1777 an IX est proche de la fin, si ce n'est ce f... embouchoir qui me résiste. Le trou pour l'épingle, encore une fois mal placé, a été rebouché. Il a fallu à nouveau limer, poncer, polir. A force de toujours travailler dans la même zone, j'ai réussi à faire une "casse" dans une zone joliment courbe. Cela me fait un peu râler. Quand il sera terminé, je ferai une petite nature morte, j'ai quelques objets ou documents qui peuvent faire la farce.

 

Décidemment cet embouchoir continue à faire parler de lui. 

   

Il est très bien... c'est la le genre de nettoyage que j'apprécie, la crasse est enlevée mais les cicatrices de son existence sont toujours honnêtement la.
D'après le numéro c'est un des tout premiers,  F avec numéro de série en trois chiffres, si ce n'était pour la date 1911on aurait pu croire....
Il y aurait-il des différences subtiles dans les petits détails entre les premiers et derniers 1873 fabriqués?
Dommage que le numéro du canon ait disparu.
Il semblerait aussi que, comme le F46x daté de 73,et, bien qu'officiellement 68 seulement sont sortis cette année la, votre revolver pourrait très bien être sorti en 1873?
Beau travail.
BEst regards
RRO

Joli travail; félicitations. Dans 100 ans celui qui le possédera t'en sera inconsciemment très reconnaissant.

 

Hullo Robert. J'ai fait le méchant et j'ai viré les deux premiers digits de mon numéro de série.

Je cherche de façon passive un bon 1873 et en regardant les sites comme Natura etc je vois qu'une des questions souvent posée concerne le poids du revolver. Pourquoi est-ce important  

Fabian23 a écrit:Je cherche de façon passive un bon 1873 et en regardant les sites comme Natura etc je vois qu'une des questions souvent posée concerne le poids du revolver.  Pourquoi est-ce important  

Parce que cela prouve un polissage poussé avec perte de matière. Le poids moyen original est de 1200 g. Disons que moins de 1150g = matière enlevée pour faire tout beau, tout joli, comme neuf, sortie de caisse etc.  

Ok, compris!

Il faut quand forcer sur le dremel pour enlever plus de 50gr d'acier  

Fabian23 a écrit:Ok, compris!

Il faut quand forcer sur le dremel pour enlever plus de 50gr d'acier  

C'est une moyenne forcément discutable. Certains parfaitement d'origine sont à 1180 g. Et certains à 1175 g sont déjà repoli. En dessous de 1150 on peut presque affirmer qu'il y a eu enlèvement volontaire de matière après dire avec précision de combien là ?

 

Quelques petites données pour faire une moyenne, ou plutôt une fourchette. Encore que, comme l'avait souligné un membre, sur plusieurs balances non vérifiées annuellement, difficile de se prononcer sur la valeur des données.
https://www.tircollection.com/t16399-poids-du-revolver-1873

Le meilleur moyen de s'assurer de la nature d'une restauration est encore d'apprécier la profondeur des marquages, le poids est pour moi sans intérêt tant la variation dimensionnelle des pièces est importante sur les 73.

Toutes mes féloches pour cette restauration faiblement invasive   Ton poste m'a rappelé que j'en possède aussi un   En fait, je l'ai échangé juste avant les grandes vacances et je suis parti dans la foulée. D'où mon oubli   Le mien est quasiment le jumeau du tien, quant à son état j'entends. Peux tu me donner ta méthode de polissage STP? je ne suis pas encore sûr de me lancer dans ce "ravalement" de façade. Je vais déjà tester le bestiaux au tir pour voir si la chose m'intéresse....ou pas. Néanmoins comme ce 1873 est resté stocké longtemps dans son jambon je pense qu'un léger lifting lui serait quand même bénéfique.

 T' as fait du bon boulot  , honnétement je pense pas que j'aurais fait mieux et sa a permis de redonner un putain de coup de jeune à cette arme . Elle a au moins gagné 50 ans d'éspèrance de vie avec le lifting que tu lui à fait .En touit cas, Bravo pour le boulot et je en parle pas du temps que t'as du y passer .....

Merci. Pour répondre à Tackdriver, j'ai pas de recette miracle et certaines méthodes sont assez invasives. Tout dépend de l'endroit, de ce que j'y trouve (assez rare qu'une corrosion soit très uniforme sur une arme), de l'équilibre entre les marquages à préserver et la planéité des faces à restaurer.

Désolé si j'enfonce des portes ouvertes ou si j'ai l'air de pontifier.

Déjà, grand nettoyage à l'huile d'arme et à la laine d'acier très fine. Si par endroit, voire partout, ça suffit à donner un aspect honnête, pas la peine d'aller plus loin. Des fois, on a des armes apparemment pourries qui nous réservent de divines surprises. Il y a déjà quelques temps que j'ai abandonné l'électrolyse, je préfère des tâches noires et lisses à une pièce grise et cratérisée.

Si tes plaquettes de crosse sont noires, vingt minutes dans un bain de sel d'oseille, c'est largement suffisant. Bien rincer, sécher immédiatement. Gratter la crasse dans le quadrillage stries après stries avec un outil fin sous une loupe fort grossissement qui permet de voir tout de suite si on "écorche" le bois. Huile pour crosse, encaustique.

Pour en revenir au métal, s'il y a des zones planes bien attaquées, bande abrasive grain 120 maintenue sur une lime plate. Travail bien à plat dans le sens de la longueur de l'arme, en veillant à préserver les arêtes.  Je commence souvent avec des bandes un peu usées pour voir "comment ça cause". Je regarde souvent comment ça progresse, pour trouver un équilibre entre métal le plus net possible et marquages bien lisibles. Je termine en mettant de l'huile d'arme sur la bande abrasive pour avoir un fini plus fin.
Pour les zones courbes ou pour terminer l'aspect des zones plates, j'utilise une espèce d'éponge abrasive, je ne me souviens plus de la marque. Une sorte de cale à poncer souple, mais pas trop (super, la description) revêtue d'abrasif. C'est de fabrication anglaise et j'utilise le grain fin. Cela donne un aspect "poli blanc" très proche de l'original. S'il y a des zones un peu plus tachées, cratérisées en creux, j'y reviens avec la bande abrasive bien usée et bien huilée au bout du doigt et j'y vais mollo-mollo pour pas rayer ou faire un creux. Puis de nouveau l'éponge-cale à poncer pour refaire un beau fini régulier. Une fois que ça me paraît honnêtement propre, en préservant le plus possible les marquages, j'arrête.
Tout ce qui est mécanique, huile, brosse et c'est tout.
Je trouve mon barillet un poil trop brillant. Je pense que c'est parce que j'ai "tourné autour". Il faudrait probablement que je le reprenne patiemment à "l'éponge" dans le sens de la longueur de l'arme, comme j'ai fait pour le canon.

J'ignore si ce que je fais est très orthodoxe, y'en a qui vont peut-être crier au sagouin ou au charlot, toujours est-il que le résultat final, sur ce que j'ai déjà pu faire, sans que je dise comment j'ai fait, ne m'a pas valu de reproches de la part de gens dont j'apprécie le travail de restauration.

            Merci, je vais peut être tenter le coup. Encore un peu de réflexion et surtout un test au stand pour voir l'arme me sied....ou pas.