Armes prises. Algérie 1958 3° RPC

Armes prises lors d’une opération. C’est du lourd…
Au centre, en bas, un Ruby et son chargeur. Il est rare de voir des armes de poing sur des photos car traditionnellement, les soldats les gardaient en souvenir. Ce malheureux Ruby n’aura donc intéressé personne…
À droite du pistolet, une MAT 49, chargeur replié sous le canon, crosse demi-déployée.
De part et d’autre du Ruby, 6 chargeurs de PM MAS 38 et l’arme, si caractéristique, avec son petit capot de couloir de chargeur en position ouverte, sous le canon.
Juste au dessus du Ruby, une carabine US, sans chargeur puis un Garand.
Au dessus du Garand, 2 MAS 36 CR 39, suivis d’un MAS 36 standard puis 4 Lebel 86 M93 R35 !
Après, c’est ardu mais il me semble identifier un Carcano (que les combattants appelaient Stati *).
Viennent ensuite 5 US 17 suivis d’un dont l’avant du canon manque… (effet de la bataille ?) et d’un 7° apparemment normal.
Puis vient un Mauser qui semble être un Karabiner A.
Des Lee-Enfield suivent, remarquablement alignés, des MkIII classiques avec les oreilles de protection de hausse.
Puis des Gewehr 98.
Viennent enfin des Lebel 86 M93.
Des fusils de chasse, hammerless puis à chiens, complètent le tableau des armes individuelles.

Pour les armes collectives, en arrière-plan, une MG 42 et un FM 24-29 encadrés par deux BREN, tous sur leur bipied, complètent cette prise, peu commune pour des combats en Algérie.

Encadrant cette exposition, à gauche, des chargeurs de FM BAR (5, et je suppose que le FM a dû être évacué), un de Lee-Enfield, puis des chargeurs de 24-29 (9), un caisson de MG 42 et des munitions en vrac, sur lame-chargeur ou non, sous le bipied du BREN de gauche.
À droite, 6 objets que j’ai du mal à identifier : ça semble être des des étuis pour lame-chargeur, puis 7 chargeurs de BREN, diverses grenades et une musette débordante de munitions.
Belle prise, n’est-ce pas ? Et qui s’est faite dans la douleur car, avec cette photo (offerte par un ancien de cette opération) il y en avait une autre des combattants ennemis morts, alignés et gardés par un soldat français.
Par principe, je ne la publie pas. Nous sommes des amateurs d’armes, pas des voyeurs.

*Stati : je pense que cette appellation étrange est dûe à un obscur compte-rendu d’opération précisant qu’un HLL (Hors La Loi, abréviation utilisée à l’époque) avait une arme -inconnue du rédacteur, à l’évidence- marquée Stati. L’auteur du compte-rendu avait dû lire sur le Carcano : Manufatture d’arme di Stati (c.à.d. Manufacture d’arme de l’État) et l’appellation a été amplement reprise ensuite ! 

En toute modestie, je ne pense pas que ce soit une Kar98"a", on verrait le tenon de baïonnette, qui va quasiment jusqu'à la bouche du canon.
En tout cas, ça ferait une sacré belle collection aujourd'hui... 

Finement observé ! Merci de cette correction.
Ce serait plutôt un 98 k tout simplement car on a aussi l’œillet de démontage de la culasse sur la crosse . Et j’ai pourtant passé un bon moment avec la loupe sur le document…
Je serais curieux de savoir ce que sont ces curieux étuis en colonne, à droite. Je sèche lamentablement.

Tu as mille fois raison pour la qualité de la collection que ça ferait aujourd’hui, avec les neutralisations que cela suppose, bien sûr !

 
A droite en bas ce ne seraient pas des grenades italiennes ?


http://inert-ord.net/italrd/index.html
Pour les anciens d'AFN celles ci avaient la réputation d'être assez puissantes ,et si les Carcano n'avaient pas bonne réputation (...comme les combattants italiens....) Les P.A et PM Beretta ,ainsi que le casque Mle 33 et les motos et camions étaient hautement estimés.
Pour ce qui est des BREN ;outre ceux récupérés là-bas en 43! j'avais lu un vieil article de Cibles dans lequel il était écrit qu'à l'époque de la Guerre d'Algérie l'introduction d'une nouvelle poudre pour la 7,5x54 mm Mle 1929 avait causé des soucis avec les FM 24/29 qui avait conduit temporairement à la remise en service des BREN 303 ????????

Quant aux BAR, certaines de nos unités les utilisaient encore, parfois conjointement aux 24-29 (fallait pas se gourrer de chargeurs, peut-être ceux-là figurent-ils dans cette panoplie parce qu'un fellagah s'y était fait prendre).

Le "Stati", quand j'étais gosse les vieux disaient "mousqueton Strati", mais je ne sais pas si cette appellation remonte à l'AFN ou à la Résistance...

Je n’ai entendu parler de Stati que par des anciens d’AFN. Au début, je ne savais pas du tout de quoi il s’agissait et un jour où il y avait un Carcano visible dans l’armurerie, un client de cette génération me l’a désigné comme étant un Stati. Le hasard a voulu que celui-là était marqué ainsi et pas Beretta ou Terni. 
L’identification d’une arme peut parfois tenir à peu de choses …

J’en profite pour préciser que les combattants identifiaient facilement un tir de Stati/Carcano par son bruit caractéristique. De la même façon, ceux d’Indochine appelaient l’Arisaka en 6,5 le Tac-ko car, disaient-ils, il faisait ce bruit-là. 

Bonsoir
Bizarre le chargeur de Ruby ?

Richelieu a écrit:Bizarre le chargeur de Ruby ?

A priori, ce n'est pas son chargeur ... il porte une encoche pour un verrou latéral style Colt 1911 ...

Pour les "étuis", à droite, ce sont des grenades à main dans un système de port à la ceinture copié sur les porte-boules de pétanque, d'où le nom qu'on lui donnait ... Ces équipements, de fabrication locale, étaient utilisés en Indochine, et aussi en Algérie (j'en ai quelques-uns, pour mes mannequins ...).

En 70-71, les rebelles tchadiens du nord utilisaient encore toute la gamme des Carcano en 6,5 mm, et mes camarades, dont certains avait fait l'Algérie, 8 ou 10 ans auparavant, les nommaient toujours "Stati", malgré les efforts que je déployais pour les faire changer d'appellation ...!

A+

C’est bien vrai qu’après examen soigneux, le chargeur à côté du Ruby n’est pas le sien !

Au vu de sa largeur, j’avais pensé à un chargeur de Tokarev sans l’anneau du talon mais les trous de visualisation des cartouches sont à l’inverse de celui-ci : 4 à côté du verrouillage et 3 côté fond sur l’original.
Les nombreux mouvements révolutionnaires de cette époque-là étaient approvisionnés par les deux gros poids-lourds communistes et la 7,62 X 25 était fréquente. Ils fournissaient aussi beaucoup par l’artisanat de Dara (Khyber Pass) qui ne se souciait certainement pas trop de la disposition des trous du chargeur 
J’ai eu en main des armes venant de là-bas : sur une photo, ça peut faire illusion mais dans la vraie vie, je n’aurai jamais pressé la détente !

 
Dans les sources d'approvisionnement des "rebelles" du FLN outre celles déjà citées* ,dont la Tchécoslovaquie (voir cargo "Athos" et "Lidice")
Ne pas oublier les trafiquants internationaux ;éventuellement "sponsorisés" par des pays ; et pas toujours de l'Est  ,ou des groupes pétroliers étrangers
Les services secrets français s'employèrent à les "dissuader" et on assista à une "épidémie" causant une mortalité prématurée chez ces trafiquants.....
Outre les "surplus" de 39/45 certains pays n'hésitèrent pas à produirent des armes neuves "maquillées" pour faire croire à une origine avant 1945
On connait bien sur les Mauser et MG "Made in Czekoslovakia" ...avec de beaux "Moineaux à pédales" mais beaucoup moins la (re)fabrication de certains PM Italien comme le FNAB 43 avec de faux marquages . On voit ce PM dans de nombreuses photos de l'ALN en Tunisie et parfois dans le "tableau de chasse" d'unités




Dans la même veine citons aussi l'inattendu PM luxembourgeois SOLA-Super dont l'ALN semble avoir été le principal client
http://firearms.96.lt/pages/SOLASuper.html

J'ai pensé aussi à des grenades italiennes, mais cela pourrait aussi être des grenades M 36 hongroises:

Merci aux intervenants qui prouvent, si besoin était, l’intérêt porté à cette photo ! 
Bravo pour l’identification des grenades car je n’ai vraiment pas de connaissance dans ce domaine.

Bonsoir
C'est bizarre cette question sur le marquage STATI sur les fusils italiens, en italien, "État" on dit "Stato", "Stati", c'est au pluriel, et il n'a pas de sense, si on veut dire par ex. Arsenal/aux d'État, on dit Arsenale/i di Stato (État reste toujours au singulier). Peut étre que il s'agissait d'un marquage mal frappé, ou plusieurs superposé?

Je ne peux pas ajouter le lien, mais sur le site "Il 91.it" il y a les marquages de ces armes.

Pour avoir côtoyé, à l'époque, des propriétaires de ces fusils, l’appellation de " carabine Stati " était courante. Et parmi les qualités trouvées à la belle, la baïonnette pliante, utilisée comme appui en position semi ouverte, revenait à chaque fois. 
La présence italienne, en Afrique du Nord, avait laissé toutes sortes de choses.

Je ne doute pas de l'usage de ce nom pour moi "fantaisie", en plus, si Obaneck dit de l'avoir vu, je lui crois, mais maintenant je suis vraiement curieux de découvrir d'ou il a origine (acronyme, mot mal frappé ou autre), je suis á la recherche.

Bonjour alogen,
L’épisode du client identifiant le Carcano comme étant un Stati remonte à longtemps… cela dit, la confusion entre le lieu de fabrication (ou un autre marquage) et la marque est classique. De nombreux clients me parlent de fusil Saint-Étienne, que ce soit pour un Verney-Carron, un Manufrance ou un artisanal quelconque, tout simplement parce qu’ils ont retenu ce nom.
Mais je suis à peu près certain d’avoir vu, au moins une fois (!), ce marquage (Stati ou Stato  mal écrit) sur un Carcano, ce qui m’a permis de comprendre l’origine de cette appellation. 
Ce qui me pose vraiment question, c’est cette finale du mot (Stati) alors que la seule graphie possible est Stato. Parce que même sur une caisse ou une boîte de cartouche, ce sera toujours Stato et non Stati.
La question n’est pas résolue, même si l’appellation reste certaine !

Bonjour Obaneck, au son retour des vacances  je demanderai a un ami qui a écrit un livre sur le "91.

Sans vouloir expliquer l'inexplicable du moment, je tente un exemple de déformation d'origine et d'époque inconnues qui est passé dans le langage courant.
Qui n'a pas dit, ou entendu, " il parle Français comme une vache espagnole ". Je pense que ces braves ruminants ruminent de la même manière d'un coté ou de l'autre des Pyrénées. Alors quel rapport ?
Il semblerait, toutefois, que cette expression soit la déformation de " il parle Français comme un Basque espagnol ", et là on comprend mieux.
Mais alors, qui, où et quand, ne me le demandez pas, je n'en sais rien.
Ainsi, imaginons que " stati " soit une appellation née d'un fait, d'un homme ou autre événement non identifié actuellement, mais utilisée sans réflexion, simplement par habitude, et ça restera ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux !

Excellente réflexion qui mérite d’être creusée !

Il y a un peu plus de vingt ans, j'avais passé une soirée en compagnie d'un "Ancien" d'Algérie qui m'avait raconté avoir été blessé par une rafale d'un "PM stati en 9 mm". (il avait récupéré ledit PM après ayant échangé ladite rafale contre le contenu d'un chargeur de carabine M1 : l'objet du récit était d'ailleurs principalement de se plaindre du manque de "punch" dudit engin, qu'il avait pourtant été si heureux de percevoir en lieu de place de son Garand) 

  Après avoir cherché, j'en avais alors conclu à une "erreur" de l'Ancien, pourtant bon connaisseur en matière de pétoires. C'est par ce que cela m'avait intrigué (et que je lui avait fait répéter) que j'ai retenu ce nom de "Stati". 

  Je suppose désormais que "Stati" était devenu une appellation courante pour les armes italiennes et que le PM était un Beretta ou un FNAB 43. 

  Cela n'aurait rien d'étonnant : l'appellation sonne "Italien", se retient facilement, bref a tout pour devenir populaire dans l'argot combattant.

En Italie, il y a une "querelle" similaire commencé en 1945, et encore ouverte :

Dans une liste d'armes des partisans on parle de fusils nommés "Makallé", et il semble parachuté par les britanniques ( sans munitions), à noter que le nom Makallé on peut trouver en plusiers documents de provenance différente, mais aucun les a déjà identifiés. On a parlé de Vetterli 70/87 ou 70/87/16 ( les plus probables), de Gras, de Chassepot, et de Lebel, mais sans aucune certitude. Le mystère reste.

Dirty Larry a écrit:... Cela n'aurait rien d'étonnant : l'appellation sonne "Italien", se retient facilement, bref a tout pour devenir populaire dans l'argot combattant.

Ben oui, c'est italien donc ça se finit forcément en i, comme macaroni, spaghetti et tutti-quanti.
Avec o ce serait espagnol...

WICHITA a écrit:è pericoloso sporgersi !

  Bien des décennies que je ne suis monté dans un train italien!