Lebel prix de tir

Bonjour à tous,
La littérature est assez conséquente en ce qui concerne le fusil Lebel réglementaire mais quelqu’un pourrait il me dire s’il existe des livres ou articles spécifiques sur les Lebel prix de tir svp ?
Merci d’avance ! 

Bonjour, 

j'ai trouvé ce livre qui m'a l'air pas mal et très complet:

Le Fusil LEBEL - Armurerie Languedoc Distribution (armurerie-languedoc-distribution.fr)

Une seule page sur les prix de tir, sur un total de 342 pages...Un peu maigre.

Malheureusement, la majorité des fusils 1886-93 prix de tir ont été scrupuleusement déposés en mairie suite au décret d’avril 1939 (difficile de cacher l’existence d'une arme reçue en trophée ), leurs propriétaires recevant en échange un joli reçu.  Et à l'arrivée des allemands, soit en 1940, soit en 1942 selon les régions, ils ont dû constitués de magnifiques "prises de guerre" pour les envahisseurs teutons. Et quand l'Allemagne a été occupée à son tour, ils auront été dispersés au USA, en URSS, et Dieu sait où encore, échangé contre des cigarettes, de la vodka ou des boites de corned-beef.

Les rares qui aient échappé à la fois à la confiscation et au pillage et qui sont restés, ou revenus en France, ne sont sûrement pas assez nombreux pour constituer une base de référence fiable.

Sans écarter totalement ces raisons, quelques petites observations.
Tous les fusils Lebel vendus ou remis aux civils étaient enregistrés pour pouvoir être réquisitionnés en cas de besoin. C’était une obligation de la loi de 1885 concernant les armes « d’un modèle en service dans l’Armée française ». Les armes blanches en étaient cependant dispensées, de même que, curieusement, les armes de poing.
Je pensais que cette réquisition, vu l’état de fraîcheur des Lebel civils survivants, était restée lettre morte. J’ai récemment découvert qu’ils avaient effectivement été réquisitionnés pendant la 1ère GM. L’Etat tardant à les rendre en 1919, on lisait des plaintes des tireurs sportifs dans le journal de l’USTF, l’entraînement et les compétitions ne pouvant reprendre. Sachant que la plupart n’avaient pas de numéro de série. J’espère que les étiquettes étaient bien accrochées.
Bref, tout ça pour dire que s’il y avait eu beaucoup de Lebel prix de tir, on le verrait encore aujourd’hui, car les Lebel civils, on en voit.
Je pense que l’excessive rareté de ces fusils prix de tir tient à leur rareté à l’origine. Il faut dire que c’était le double du prix d’un revolver. Quand on vient à en offrir en nombre, ça compte.

Merci beaucoup à tous d’avoir éclairé ma lanterne… 
Je pensais qu’il y avait un nombre conséquent de Lebel prix de tir qui circulaient et qu’un ouvrage spécifique leur était dédié, snif tant pis.
Avis aux écrivains du forum, il y a un sujet à gratter ! 

Salut MIKE ...D..
bien modestement je reviens sur ce sujet qui te préoccupe  :

les fusils LEBEL ( PRIX de tir )  ne sont pas très rares  (j'en connais une douzaine ) mais avant leur déclassement .....les collectionneurs évitaient d'en parler  ,  bien que in finé ils furent libérés .

juste pour le plaisir d'échanger et pour le fun , je ressors quelques LEBEL  "jus de cave "avec quelques drôleries ...

Remarquable.

 J’ai vu des douzaines de Lebel « normaux », trois ou quatre civils, mais jusqu’ici aucun prix de tir.
Et même l’ouvrage de Huon et Barrelier cité plus haut, s’il mentionne les prix de tir, n’en montre aucun, seulement des Lebel civils avec numéro USTF (ancêtre de la FFTir) ou avec plaque de propriété d’un particulier.

Je note qu’en 1893, on offre un Lebel « réglo », même pas un « civil », et très récent (1890).

Ayant déjà reçu la modification 93???

Mais c’est pas une plaque de couche de Lebel, ça!!!

Ami NATO, quel est donc ce mélange de photos?

Aujourd’hui à été un très grand jour pour moi : j’ai rentré un Lebel Prix de Tir FLAMBANT  

J’en fait immédiatement profiter les copains avant même tout nettoyage (sauf la plaque). Le bois est un véritable bijou de perfection : lisse comme des fesses de nourrisson, le bronzage est au niveau du bois avec quelques traces de fleur de rouille sans plus, bien sûr, la fameuse plaque ovale marquée : PRIX/Offert par le/Ministre de la/Guerre (prix, en majuscules ordinaires et le reste en cursives minuscules, avec respect de l’emplacement des majuscules). Juste au dessus de la plaque, les deux cercles concentriques avec à l’intérieur : JUIN (à 12 heures), 1911 (à 6 heures), P.T. (à 9 heures), D. (à 3 heures), et au centre du cercle intérieur : MA. Bien sûr, j’ai respecté les majuscules. 
Il doit être très difficile d’imaginer un Lebel neuf. Hé bien, c’est le cas. Jamais je n’aurais pu imaginer un Lebel dans un tel état. Le bois me stupéfie littéralement : somptueux !
Bon, les marquages. Au tonnerre à droite : MA   S 1887
                               Au tonnerre à gauche : JH   ️ ️ et dessous, le Numéro de série : F (en majuscule cursive) 0255XX (le 0 est frappé plus fort que les autres chiffres)
Sur le côté gauche de la boîte de culasse : les marquages usuels.
Dessous : à l’avant le numéro de série avec le 0 empiétant sur la lettre préfixe
Aucun numéro de série sur le bois ni sur la culasse (à l’instar des 1892 prix de tir qui n’ont pas de numéro de série).

Enfin, un détail inouï : sur la grenadière avant il y a (encore !) le petit ruban plombé … Sa couleur est indéfinissable (et je meure de peur qu’il ne se rompe) et le plomb n’a pas de marquage particulier.

Détail odieux : je l’ai eu sans sa baïonnette (le client s’en est excusé   -je ne savais plus où me mettre quand il m’a dit ça). 

Allez, quelques photos vite fait :

Somptueux, en effet.     Quand on pense à tous ce à quoi il a dû échapper pour nous parvenir dans cet état, on se met à croire aux miracles.

Quant au le ruban, c'est encore plus incroyable qu'il ait résisté, malgré la décoloration

J’ai rentré cette merveille le 18 Avril, jour de la Saint-Parfait ! 

Superbe ! Perso, je jouerais la couturière pour passer discrètement dans la trame du ruban un fil de renfort (de même teinte) lui évitant le risque de rupture. C'est une opération reversible ...

Je n'ai vu qu'un seul Lebel plus beau que celui-ci, dans les années 70 : un casseur l'avait trouvé dans une vieille voiture, il était absolument neuf ! Quand nous sommes allés le voir, mon beau-père (R. Bosc, musée de Gruissan) et moi, le vendeur a perçu, au vu de la langue du père Bosc touchant presque ses chaussures, qu'il tenait une pièce exceptionnelle, et il s'est ravisé, préférant le garder. Les renchérissements proposés trop hâtivement n'ont fait que renforcer sa volonté, et l'arme nous est passée sous le nez !
En consolation, le casseur nous a vendu, pour un prix dérisoire, un cadre au verre bombé, époque Second Empire, contenant, si je me souviens bien, une Croix de Saint Louis Ancien Régime, une L.H. premier empire accompagnée de sa réduction, une autre Second Empire et un Ordre du Lys ... Ouf ! nous n'étions pas "brocouilles" !

Mon beau-père a longtemps rêvé de ce Lebel, que nous n'avons jamais revu ...
Heureusement, un ami, conservateur du musée de la MAS à l'époque, nous a mis en dépôt (pour 99 ans !) toute une série d'armes françaises, dont un Lebel, très beau, mais quand même moins que "celui du casseur", qui alimenta souvent les conversations à l'heure de la nostalgie (et de l'apéro) ...

A+

Et je ne l’ai pas nettoyé pour faire les photos, trop pressé de vous montrer cette splendeur !
Je vais étudier avec soin le renforcement du ruban car c’est vraiment une bonne idée  .Pour le moment, je l’ai protégé et soutenu dans un sachet plastique.

bonjour 
superbe ce Lebel !!!!
je ne connais qu'un USTF , metal peau d'orange .....

Le macaron m'interpelle, quel établissement était désigné par la lettre D ?   Autre question,  le sceau en plomb qui l'a apposé sur l'arme, l'établissement qui l'a réceptionnée ou celui qui l'a conditionnée ?

A ma connaissance le plomb est lié aux compétitions, ce sont les contrôles des arbitres, ancêtre de nos pastilles autocollantes actuelles. 

 J'ai vu de près deux Lebel ayant appartenu à un champion de tir des années 1900-1914, portant plusieurs de ces plombs : voici un détail de l'un d'entre eux (Collections nationales /Musée de l'Armée) : 


( https://photo.rmn.fr/archive/13-611920-2C6NU0L543JR.html ) 

 Depuis je caresse le doux rêve d'adopter un jour un Lebel USTF, ou un "prix de tir"... on peut toujours rêver !

 En attendant, merci pour la partage de ces diverses merveilles !

que c'est beau

Merci Dirty Larry pour ces précisions à propos des plombs de contrôle.

Absolument remarquable.
Contrairement à la plupart des Lebel USTF vus, ce n’est pas un Lebel « civil » (comprenez fait dans les manufactures, mais destiné au marché civil et non matriculé).
Il s’agit au départ bel et bien d’un réglo, normalement réceptionné à Saint-Etienne en août 1887.
Il a été reconditionné à Tulle, visiblement en juin 1911 (la lettre de la manufacture n’est pas toujours dans le prolongement du « MA »). Le P est l’initiale de Gustave Payeur, Directeur de la MAT de 1911 à 1914.
C’est tout à fait inhabituel, mais logique : Tulle depuis 1904 est la seule manufacture ayant les pièces et les outillages pour réparer les Lebel ou produire des fusils 1886 en petite quantité pour le marché civil, ce qui permet pour ces derniers de refourguer les pièces spécifique à la balle originale.
Il serait d’ailleurs intéressant de voir si l’arme a des pièces pour la balle originale ou pour la balle D.
C’est aussi inhabituel de voir une réception à cette époque pour une arme réparée.

J’ai trouvé la trace de ventes de Lebels réglo (matriculés) par la MAT à des tireurs civils (ou leur mise à disposition gracieuse à des tireurs militaires), mais dans les années 30, époque où cette arme était déjà largement obsolète.

Merci Alamas, entre ta réponse et celle de Dirty Larry, me voici comblé.

Et moi donc !
Quand un client entre chez moi avec une arme pas possible, je n’ai pas du tout le temps d’étudier quoi que ce soit de l’arme devant lui, c’est évident. Alors je pilote au feeling pur et surtout, je fais parler le client pour en savoir le plus possible, même si en général c’est très peu.
Dans le cas de ce Lebel, prix de tir de surcroît, c’était facile. En plus, je n’en avais plus, de Lebel. Comme un âne, j’avais vendu il y a 10 ans celui que j’avais mais bon, c’était à un client qui le méritait et je ne le regrette pas (je ne vends pas mes trésors à un c.., c’est un principe).
J’étais perplexe devant le petit ruban plombé mais je le suis resté encore plus à la lecture du message de Dirty Larry ! Un merci sincère pour cette réponse car cette explication ne vient pas à l’esprit spontanément.
Mes remerciements vont naturellement aussi à Alamas qui nous a fait un remarquable décryptage du marquage  du bois, au dessus de la plaque. Cet historique m’est précieux car, comme nous tous, je pense, j’aime connaître la vie de mes armes avant qu’elles n’atterrissent entre mes mains.
J’avais de lointains souvenirs des revolvers 1892 prix de tir, pas de numéro de série notamment. Et j’ai donc imaginé une source commune à cette particularité puisque ce Lebel n’a pas de numéro sur la culasse ni sur les bois. D’après le Hors Série de la Gazette consacré au 92, l’arme sortait de la chaîne de fabrication avant sa numérotation (en blanc, donc) et passait dans un autre registre, celui des prix de tir. Il serait intéressant de savoir si les armes offertes aux hautes personnalités étaient également hors numérotation.

Bonsoir,

Puisque l'on parle de Lebel de tir à l'état voisin du neuf, je vous propose des clichés d'un modèle que j'ai eu l'occasion d'examiner.

Il s'agit d'un modèle qui pouvait être demandé à l'U.F.S.T. par les Ecoles Normales D'Instituteurs, à la fin du XIX début XXe. Les Instructions officielles du Ministère prévoyaient en effet que ces Etablissements puissent faire une telle demande et je ne pense pas qu'une telle dotation ait été systématique ne serait-ce que parce que les Ecoles "demandeuses" devaient au moins disposer à proximité d'un stand adapté au tir au Lebel.  Les Hussards noirs de la République pouvaient se familiariser ainsi au tir avec le fusil national, avant, à leur tour, leur formation achevée, développer dans leurs écoles le sentiment patriotique de leurs jeunes élèves.

Ce fusil ne possède aucun autre numéro que celui de L'UFTS.

Sur la plaque en argent le propriétaire  du fusil a "flouté" le nom de l'établissement qui en fut doté.

Voici un lebel prix de tir que j'ai rentré voici quelques temps et pas encore nettoyé!
On voit bien les plombs sur la grenadière et une hausse bien marquée USTF en place de la planchette habituelle mais une chose me chagrine car même s'il est tout au même numéro , c'est la première fois que je trouve un lebel sans aucun marquage sur le boitier!
Pour info la lettre préfixe de l'arme est M

Entendons-nous sur le vocabulaire…
Un Lebel prix de tir, comme son nom l’indique, et comme pour les revolvers, est une arme qui supporte une plaque montrant qu’il a été offert comme… prix de tir. Je n’en connais qu’un et je n’en vois qu’un dans ce sujet, c’est celui d’Obaneck.

Les autres sont « juste » des Lebel de tireurs civils, qu’il s’agisse de Lebel civils sans numéro de série ou d’anciennes armes réglementaires vendus à des tireurs sportifs après reconditionnement, portant bien souvent les marques de l’USTF, d’intéressants appareils de visée, des plombs de contrôle.
Il s’agit de témoignages poignants d’une époque révolue où le tir à l’arme réglementaire n’avait pas le caractère de « danse folklorique » du TAR actuel mais, encouragée par les gouvernants, avait pour but de former le citoyen-chair-à-canon afin de le hisser au niveau de celui d’outre-Rhin.

Quant au boîtier sans marquage sur un Lebel, alors que tous les autres marquages sont bons, j’en ai déjà vu, même si je ne peux pas l’expliquer.